Place d'apprentissage

Raison sociale / NomLes Planchettes SA
NomAurélien Lüthi
AdresseRue des Planchettes 35
Localité2900 Porrentruy
Téléphone032 465 93 47
Emailaurelien.luthi@lespenates.ch
Raison sociale / NomLes Planchettes SA

Description de la place

L’enfouissement des matières organiques, notamment des engrais de ferme, une aberration pédologique!

Le labour “profond” après épandage d’engrais de ferme notamment du fumier est une pratique courante avant l’implantation d’un maïs. Pourtant, sous le regard du fonctionnement du sol, cette technique culturale est néfaste et ne devrait plus se pratiquer.

Petits rappels succincts sur les voies de dégradations des matières organiques dans le sol

Commençons par la voie aérobie, celle en présence d’oxygène. Les matières organiques se comportent exactement comme dans notre corps, la plupart des molécules sont scindées en sucres simples qui vont fournir de l’énergie, de la biomasse vivante et du CO2. Ce qui est plus difficilement dégradable sort notamment en fèces ou en matières mortes et cela correspond à l’humus dans les sols.

En absence d’oxygène, appelée voie anaérobie, le fonctionnement est celui d’une panse ou d’un biogaz. Outre des microorganismes différents et spécialisés, les processus sont plus complexes mais comparables à la voie aérobie à la différence près que du méthane est produit (CH4). Rappelons que ce gaz est toxique pour beaucoup d’êtres vivants.

Fumier de plus d’une année remonté lors d’un labour

Comment évolue le taux d’oxygène dans le sol?

L’évolution de l’oxygène est ardue à mesurer dans un sol car il dépend de beaucoup de facteurs comme le taux d’activité biologique (respiration), la porosité et sa connectivité ou encore l’humidité du sol. Toujours est-il que le taux d’oxygène diminue avec la profondeur. Il est communément admis que dans un sol standard, donc avec moins de 30% d’argile, le taux passe de 21% d’O2 en surface, à 15% à 20 cm pour être quasiment insignifiant dès 60 cm de profondeur.

Le fumier apporté avant le maïs 2024 ressort avec le labour de l’automne 2024.

O2: influence sur les décomposeurs

La plus grande diversité et la plus grande quantité des organismes dégradant les matières organiques sont des êtres aérobies. La gamme est très vaste, des gros insectes en passant par les collemboles pour finir avec les plus petits microorganismes bactériens. Il ne faut surtout pas oublier toute la communauté fongique qui permet pour certains de dégrader la lignine donc le bois. Pour la plupart de ces êtres vivants, de faibles variations vers le bas du taux d’oxygène est délétère et mortel à des seuils proche de 16-17% d’O2. Autrement dit, dès 10 – 15 cm de profondeur, cela devient complexe pour eux, d’autant plus si on ajoute du tassement ou une mauvaise structure et un excès d’eau. Observez un vieux piquet de clôture un fois sorti du sol: il est dégradé au plus jusqu’à 15 cm maximum et ensuite il est quasiment intact. CQFD?

Alors pourquoi?

Pourquoi chaque sortie d’hiver on voit du fumier être épandu et rapidement mis au fond de la raie de charrue à 20 cm, 25 cm? A ces profondeurs, nous ne pouvons miser que sur les communautés anaérobies pour valoriser cet engrais de ferme. D’autant plus que si par malheur le printemps est pluvieux, le fumier va s’engorger d’eau. L’évolution de cette matière organique sera faible et après l’ensilage, ce fumier va ressortir avec le labour pour lutter contre la fusariose.

L’exemple de l’essai à Loveresse

Dans le cadre de notre journée Terres Vivantes à Loveresse en septembre 2024, nous avons procédé à 3 travaux du sol après épandage de fumier: 1. Labour standard à 20 cm, 2. Labour plus superficiel à 15 cm, 3. une incorporation du fumier en surface (<10 cm). Trois mois après l’épandage, nous avons retrouvé du fumier dans les procédés avec charrue mais plus du tout avec l’incorporation en surface.

Le labour 2025 a remonté des chaumes de maïs récolté à l’automne 2023 et enfouies dans la foulée.

Faisons évoluer les pratiques

Oui, durant de très nombreuses années, l’agronomie suisse préconisait un enfouissement des engrais de ferme. Cependant, les connaissances ont évolué. Il est temps de laisser de côté certaines mauvaises habitudes et de valoriser tout le potentiel des engrais de ferme en les incorporant uniquement en surface voire pas du tout en faisant confiance à la biodiversité des sols pour les intégrer au sol. Lors d’épandages de fumier sur des prairies, ce dernier n’est pas enfouis et l’agriculteur est tout de même confiant dans sa manière de travailler. Alors…

Luc Scherrer

Terres Vivantes

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