Est-il si important d’investir pour une couverture en interculture?
Au début de l’été, nous vous apportions quelques suggestions pour la gestion de la couverture du sol en interculture, malgré la sécheresse.
Quatre mois plus tard, et un été finalement avec quelques pluies (avant la sècheresse automnale), qu’en est-il des résultats des couverts végétaux dans Terres Vivantes ?
Terres vivantes, une base de référence
La couverture du sol pendant la période d’interculture prend de plus en plus d’importance pour la durabilité de l’exploitation agricole. Dans le cadre de Terres Vivantes elle a été utilisée à deux fins, à savoir l’amélioration de la structure par l’activité biologique et la séquestration de matières organiques. Même si nous allons nous focaliser sur ces deux aspects, il ne faut pas perdre de vue que l’interculture est également un moment favorable à la gestion des mauvaises herbes (particulièrement les vivaces) et à la production de fourrage.
Les premiers enseignements de Terres Vivantes en termes de structure et de porosité des sols, sont qu’en moyenne les sols de la région ont une porosité fine et moyenne (essentielles pour la réserve en eau et les microorganismes) de bonne qualité. En revanche, la porosité grossière, celle qui évite les flaques en surface, est impactée, ce qui est parfaitement corrélé avec une structure plutôt grossière contenant des mottes fermées. Deux leviers permettent d’améliorer la situation à savoir maximiser l’activité biologique des sols sur l’ensemble de l’année et augmenter la quantité de matières organiques dans le sol.
Le génie végétal favorable à la structure des sols.
Il est assez aisé de comprendre qu’un sol nu, sans ou avec très peu de résidus de récolte, est un sol qui ne travaille plus. En plein été, il n’est pas rare que la température des 10 premiers centimètres d’un sol non-couvert dépasse les 40°C. Les organismes du sol de notre région ne sont pas capables de le supporter, ils fuient en profondeur ou meurent. Implanté un couvert à peine la paille exportée, c’est offrir un parasol pour rester au frais l’été, assurer une activité biologique et utiliser les systèmes racinaires pour restructurer le sol sur l’ensemble de l’année. En 2017, lors de la mise en place de la démonstration de couverts végétaux pour AgroFRI à Courtedoux, il a été choisi de mettre des espèces pures (avoine rude) et des mélanges multiespèces. Après 4 mois de mise en place, la structure dans l’avoine rude était encore compacte et anguleuse alors que dans les mélanges présentant le plus de diversité spécifique, la structure est beaucoup plus fine et grumeleuse.


Les engrais verts, un apport potentiellement important en matières organiques pour les sols
Plusieurs types de couverts en interculture toujours multiespèces (> 7 espèces) ont fait l’objet d’un suivi des biomasses en 2022 et 2023. Le tableau suivant reprend les différents résultats.
Couverts courts | Lieu | Nb jours entre récolte et semis | Travail du sol | Mesure Biomasse | Nb jours entre semis et mesure de biomasse | Prise théorique de MS en kg/j | |
Courtemaiche | 1 | En 1 passage vibro + semoir | 19.09.2022 | 7.7 tonnes MS / ha | 61 jours | 126 | |
Rocourt | 3 | SD | 11.09.2022 | 4.4 tonnes MS / ha | 62 jours | 71 | |
Alle | 4 | SD | 11.09.2022 | 6.1 tonnes MS / ha | 67 jours | 91 | |
Coeuve | 11 | fraise horizontale | 11.09.2022 | 5.4 tonnes MS / ha | 65 jours | 83 | |
Tavannes | 2 | Semis au semoir à Engrais + déchaumage | 06.09.2023 | 2.1 tonnes MS / ha | 46 jours | 46 | |
Reconvilier | 3 | Déchaumage + semoir combiné | 06.09.2023 | 1.4 tonnes MS / ha | 34 jours | 41 | |
Loveresse | 1 | Déchaumage + semoir combiné | 06.09.2023 | 2.4 tonnes MS / ha | 56 jours | 43 | |
Loveresse | 1 | Déchaumage + semoir combiné | 06.09.2023 | 1.9 tonnes MS / ha | 44 jours | 44 | |
Courtedoux | 2 | Déchaumage + semoir combiné | 05.09.2023 | 5.1 tonnes MS / ha | 64 jours | 79 | |
Courtedoux | 7 | Déchaumage + semoir combiné | 06.09.2023 | 2.3 tonnes MS / ha | 49 jours | 47 | |
Grandfontaine | 1 | SD | 06.09.2023 | 2.5 tonnes MS / ha | 48 jours | 52 | |
Coeuve | 3 | Déchaumage + semoir combiné | 06.09.2023 | 3.5 tonnes MS / ha | 50 jours | 70 | |
Alle | 3 | SD | 05.09.2023 | 4.7 tonnes MS / ha | 49 jours | 96 | |
Alle | 2 | SD | 05.09.2023 | 5.2 tonnes MS / ha | 59 jours | 88 | |
Courtemaîche | 1 | Déchaumage + semoir combiné | 07.09.2023 | 3.1 tonnes MS / ha | 45 jours | 69 | |
Couverts longs | Fahy | 1 | semoir sur déchaumeur | 28.11.2022 | 9.3 tonnes MS / ha | 131 jours | 71 |
Courcelon | 10 | déchaumeur | 21.11.2022 | 11.2 tonnes MS / ha | 118 jours | 95 |
En moyenne sur deux mois et malgré les conditions défavorables (sècheresse) notamment en 2022, les engrais verts ont produit en moyenne 4.3 tonnes de matière sèche en 2 mois (61 jours). En appliquant l’indice de stabilité de la matière organique pour ce genre de couvert cela signifie qu’en deux mois, l’engrais vert est capable de restituer près d’une tonne d’humus au sol en un été. Cette matière organique fonctionnelle va s’associer notamment aux argiles, améliorer la structure et limiter la vulnérabilité des sols.
Ces derniers jours, plusieurs agriculteurs ayant ces couverts végétaux « à production de biomasse » nous ont rapporté une bien meilleure facilité à préparer les sols pour les cultures d’automne, par rapport aux sols nus … Encore un avantage à la couverture du sol ? en tous cas dans le contexte 2023…
Conclusion
Dans un objectif d’améliorer la qualité de la structure des sols, il est primordial de couvrir la parcelle avec un couvert multiespèces le plus tôt possible après la récolte, éventuellement le fertiliser et de le restituer au sol.