La Fédération des Producteurs Suisses de Lait (PSL) a lancé un QUESTIONNAIRE sur la qualité de vie des productrices et producteurs de lait. Ces derniers sont invités à analyser le quotidien de leur exploitation et l’améliorer de manière ciblée.
Ces 20 dernières années, le nombre d’exploitations laitières en Suisse a diminué de moitié, pour atteindre aujourd’hui environ 17’000. Cette érosion est bien plus importante que l’évolution structurelle moyenne des exploitations agricoles. C’est alarmant. Manifestement, si la tendance se poursuit, le risque d’atteindre une balance commerciale négative se renforce. Dans ce pays d’herbe et de vaches, de tradition laitière et fromagère, difficile de l’envisager.
La faîtière des producteurs suisses de lait cherche des réponses pour inverser la tendance. L’ère du constat est révolue. Il faut agir. L’attractivité du métier est au centre des préoccupations des organisations de producteurs, mais aussi de toute la filière.
Il y a bien sûr le positionnement sur les marchés. Les interprofessions travaillent à consolider la plus-value de nos produits laitiers et leur répartition équitable entre les acteurs. Mais il y a immanquablement la politique agricole pour aider la filière laitière à mettre en œuvre sa vision. Son orientation future devra notamment davantage tenir compte de la dimension sociale de la durabilité, souvent délaissée, parce que difficile à appréhender. Au contact des exploitations agricoles, les conseillers-ères ont un rôle à jouer pour accompagner les élevages laitiers dans leur évolution. Présenter des perspectives d’avenir pour redonner le sourire.
Daniel Koller, DA Gestion, FRI
Qualité de vie des productrices et producteurs de lait
Un QUESTIONNAIRE pour évaluer la situation des productrices et producteurs de lait. Répondez-y !
« Quel est le degré de satisfaction ? ». C’est la question que PSL pose à ses membres. En collaboration avec la Haute école des sciences agronomiques, forestières et alimentaires (HAFL), l’organisation a développé l’ « Autoévaluation de la qualité de vie », un questionnaire en ligne.
De quoi s’agit-il ? La qualité de vie englobe des aspects matériels et émotionnels. Matériels, comme le revenu, les heures de travail et de loisirs ou la possibilité de s’offrir des vacances. Emotionnels, comme le plaisir de vivre et de travailler, de se sentir intégré dans la société. On aborde la dimension sociale de la durabilité. Evaluer la qualité de vie n’est pas un exercice facile, car elle intègre aussi des aspects subjectifs qui sont perçus différemment suivant les personnes.
Lien vers le questionnaire :www.swissmilk.ch/fr/producteurs-de-lait/autoevaluation-de-la-qualite-de-vie/
Avec le ou la partenaire dans une démarche d’amélioration. L’objectif est d’abord de sensibiliser les exploitant-e-s à leur propre situation. C’est pourquoi il est recommandé d’associer le ou la partenaire à la démarche. Au préalable, chaque partenaire peut répondre au questionnaire séparément. L’idée suggérée étant d’ensuite engager une discussion en vue d’améliorer les aspects qui ne sont pas jugés satisfaisants.
Comment répondre. Le questionnaire comprend 40 questions regroupées dans 8 domaines. On y répond en ligne en 15-20 minutes. L’investissement en temps est donc tout à fait raisonnable, d’autant plus qu’une attention particulière a été portée à la formulation de questions simples et précises.
Quel usage pour les données récoltées. Seuls les membres de PSL peuvent participer à l’autoévaluation en s’inscrivant sur le site. Les données restent à la disposition de chacun dans le système. Les participants peuvent à tout moment comparer leurs résultats avec des groupes de comparaison. Les résultats sont analysés de manière agrégée et anonyme par le service d’études de marché de PSL. PSL n’a aucun droit de regard sur les résultats individuels et ne peut pas tirer de conclusions sur les personnes ou les entreprises. Ces principes sont primordiaux pour établir la confiance.
La qualité de vie dans l’agriculture
La professeure en sociologie rurale Sandra Contzen étudie ce qui nuit à la qualité de vie des agricultrices et des agriculteurs, mais aussi ce qui peut l’améliorer.
Quel est le niveau de qualité de vie des familles paysannes en Suisse ? Elle est globalement bonne et, selon les dernières enquêtes de l’Office fédéral de l’agriculture, même un peu meilleure que celle du reste de la population dans certains domaines. Les exploitations agricoles sont toutefois confrontées à des défis très spécifiques qui peuvent avoir des répercussions négatives sur la qualité de vie.
Que signifie la qualité de vie pour les agriculteurs-trices ? Dans nos enquêtes, les agriculteurs-trices soulignent toujours qu’ils n’ont pas besoin d’être riches pour avoir une bonne qualité de vie, mais ils aspirent à une certaine sécurité financière. En outre, ils jugent indispensable d’avoir du temps : pour eux, pour leur famille, mais aussi pour remettre en question les modèles de travail et les formes d’exploitation traditionnelles. Enfin, la satisfaction joue également un rôle important.
Comment se matérialise concrètement la satisfaction d’un-e agriculteur-trice ? Les agriculteurs-trices apprécient leur indépendance, le fait d’être leur propre patron. Travailler avec leurs mains, dans la nature et en particulier avec les animaux dans la branche laitière leur donne le sentiment que leur travail a du sens. Les familles paysannes vivent souvent dans une grande maison avec beaucoup de terrain, ce qui contribue également à leur satisfaction.
“Tout ce qui augmente la liberté d’action peut améliorer la qualité de vie”.
Vous évoquez une série de problèmes : les défis familiaux, les changements technologiques, la pression financière et politique… Quelles en sont les conséquences pour les agriculteurs ? De nombreux facteurs influent sur la qualité de vie, mais ils sont en plus interdépendants : les personnes qui ont des difficultés financières, par exemple, en souffrent également sur le plan psychologique. Les soucis peuvent à leur tour peser sur les relations ou sur l’ensemble du système familial et exacerber les conflits existants, ce qui peut aussi conduire à la dépression ou au burn-out.
Existe-t-il d’autres stratégies permettant aux agriculteurs d’ « investir » activement dans leur qualité de vie ? Oui. Tout ce qui augmente la liberté d’action est utile. Par exemple, en prenant un peu plus de distance avec les collaborateurs en ne partageant pas tous les jours les repas ensemble ; en coopérant et se soutenant de temps à autre entre les exploitations, voire en se regroupant en communautés d’exploitation pour répartir les responsabilités sur plusieurs épaules, etc. Cela permet aussi de se dégager du temps, car il en faut aussi pour orienter son exploitation de manière à ce qu’elle soit source d’épanouissement.
Photo : © Interprofession de la Tête de Moine AOP, extrait du livre « L’Univers de la Tête de Moine », éditions D+P SA, 2021
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L’intégralité de l’interview est disponible sous https://www.swissmilk.ch/fr/histoires-dici/la-qualite-de-vie-dans-lagriculture/