Mise au pâturage des génisses : comment maîtriser au mieux la pression parasitaire ?
C’est lors de leur 1ère mise au pâturage que les jeunes génisses sont les plus vulnérables face aux parasites internes. Elles ne sont pas préparées à affronter une pression parasitaire trop élevée parce qu’elles n’ont pas encore de défense immunitaire contre ce type d’infestation.
Seule une pression parasitaire faible à moyenne permettra aux génisses de bien développer leur réponse immunitaire. Elles pourront ensuite se défendre elles-mêmes.
Risque parasitaire élevé !
- Ce début de saison pluvieux est très favorable aux parasites des pâturages. Les jeunes génisses risquent d’être soumises à une trop forte pression parasitaire et de tomber malade,
- Cela peut avoir des conséquences néfastes sur leur développement,
- Des mesures de gestion des pâtures permettent de réduire la pression parasitaire (voir recommandations ci-dessous),
- Mais avec les conditions actuelles, il sera peut-être nécessaire de traiter. Dans ce cas, il faut être attentif à ne pas favoriser la résistance des parasites contre les matières actives des vermifuges,
- Nous vous recommandons d’effectuer des analyses de bouses et de traiter de manière sélective les animaux qui présentent un nombre d’œufs par gramme de fèces (OpG) élevé (voir demande d’analyse/conseil ci-dessous),
- De plus, il est préférable de vermifuger trois à quatre jours avant ou après le changement de pâture. Ceci permet de
maintenir une population « refuge » de parasites sensibles et freine l’augmentation des résistances.
Quels sont les problèmes liés à l’utilisation des produits antiparasitaires ?
- Ils commencent à perdre de l’efficacité avec l’apparition de parasites résistants à certaines molécules,
- Il n’y a pas eu de nouvelles molécules développées depuis près de 30 ans et rien en vue ces prochaines années,
- Les traitements ont un coût et le sous-dosage doit être évité car il favorise l’augmentation des résistances. Il est donc
avantageux de pouvoir diminuer les traitements, voir les supprimer, au moins chez les grandes génisses, - Un traitement peut avoir un effet sur le système immunitaire des bovins et donc augmenter leur sensibilité aux maladies, au
moins à court terme, - Les antiparasitaires de synthèse peuvent avoir un impact négatif sur l’environnement, notamment sur la faune qui dégrade les
bouses.
Quelles sont les recommandations de base pour gérer les parasites internes des bovins ?
- Favoriser le développement de l’immunité des jeunes bovins !
- Pour cela, les bovins doivent pâturer au moins 5 mois avec une pression parasitaire modérée.
- Les animaux ne doivent pas montrer de symptômes de maladie et, s’il y a une analyse, le résultat doit rester inférieur à 300 œufs par grammes de bouses (OpG).
En conditions défavorables (humidité, ombrage) quelles mesures peut-on prendre pour diminuer la pression parasitaire ?
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- Charge en bétail modérée (≤ 1,5 UGB/ha)
- Pratiquer la fauche-pâture (la fauche évacue une partie des parasites)
- Pâture mixte ou alternée avec des bovins plus âgés (car ils sont bien immunisés et n’excrètent presque pas d’œufs de parasites)
- Pâture mixte ou alternée avec d’autres espèces : chevaux, ovins, caprins (ils n’hébergent pas les mêmes parasites et donc s’aident mutuellement)
- Rotation avec au moins 3-4 parcs et un temps de repos supérieur à 8 semaines (comme les 8 semaines sont difficilement applicables, il faut penser à la fauche ou la pâture alternée)
- La complémentation au pâturage avec du fourrage conservé
- Attention au parc de 1ère sortie des veaux, il faut y maintenir une faible pression parasitaire !
En cas de doute au sujet de la nécessité de traiter les animaux nous vous recommandons d’effectuer des analyses de bouses. La FRI effectue ces analyses et examine votre situation pour gérer au mieux les parasites de votre troupeau.
>> Voir demande analyses/conseil en gestion des parasites
Vous pouvez aussi évaluer vous-même la charge parasitaire de vos pâturages à l’aide de l’outil. C’est un petit questionnaire facile à remplir qui indiquera si la pression globale et celle des parcelles décrites est faible, moyenne ou élevée. En cas de charge parasitaire élevée, des propositions donnent des pistes pour la réduire:
>> Outil d’évaluation de la pression parasitaire
Un champignon comme aide prometteuse
Duddingtonia flagrans est un champignon naturellement présent sous nos latitudes et qui se nourrit de vers de parasites.
Il a donc un effet indirect sur les animaux en diminuant le nombre de larves infestantes sur le pâturage. Même en conditions défavorables, ce produit permettrait de se passer des vermifuges de synthèse. Mais pour obtenir une baisse de la pression parasitaire, il faut augmenter la concentration du champignon dans les bouses. La meilleure façon d’y parvenir est de distribuer oralement les spores enkystées. Sous cette forme, le champignon va pouvoir passer à travers l’animal sans être digéré et aboutir dans les bouses. Il faut le distribuer durant quelques mois en période de pâture, par exemple avec un aliment. Le produit sera bientôt disponible sur le marché suisse et est déjà commercialisé dans d’autres pays.
Infos plus détaillées
>> Fiche technique FiBL-FRI: gestion durable du parasitisme
>> Fiche technique parasitisme Agridea
Infos-questions
- Véronique Frutschi Mascher, 032 545 56 38 veronique.frutschi@frij.ch
- Pierre-Alain Juillerat, 032 545 56 49 pierre-alain.juillerat@frij.ch
Nous vous souhaitons une très bonne saison de pâture !